Salut, moi c’est Julien. Sur le web, je fais des trucs sous le pseudo de Mago. Dans la vie je suis directeur artistique (en vrai c’est comme graphiste mais avec un peu plus de responsabilités) et magicien à mes heures perdues. J’ai un pied dans quelques projets geeks et artistiques, comme par exemple mes groupes de musique MAGOYOND et Le Naheulband, et je fais de la Saga MP3 depuis plus de 10 ans.
Plus exactement, je me fais maquiller (par des gens #pro) lors de mes concerts. Dans MAGOYOND, j’incarne un personnage macabre, sorte de major-d’homme racontant des histoires de monstres et de zombies. Il faut donc parfaire le costume avec le teint qui va bien. Dans le Naheulband, je suis un zombie aussi… (oui, j’ai un problème avec les morts-vivants). J’ai aussi fait du théâtre et de la magie de scène pendant de nombreuses années. Lors des représentations, il n’était pas rare de se maquiller pour rehausser les traits des yeux et ne pas réfléchir la lumière des projecteurs.
Pour toi le maquillage, qu’est ce que c’est ?
Évidement mon point de vue se situe sur les planches. Pour moi, le maquillage est un véritable outil de scène. C’est un costume, une manière de changer d’apparence et d’incarner un personnage. Je n’ai aucun soucis à sortir dans la rue en étant maquillé, le plus souvent avec un teint cadavérique et du faux sang sur la tronche. Mais je ne peux pas « juste » sortir avec ça, le costume doit suivre, le personnage doit-être entier sinon… j’ai l’air d’un guignol qui s’est trompé de jour pour fêter Halloween.
Quels réseaux sociaux utilises-tu ?
Facebook, Twitter, Youtube. Je regarde du contenu beauté malgré moi… car j’habite avec une maquilleuse ! Plus sérieusement, j’aime beaucoup tout ce qui touche au maquillage de scène et je suis assez fan des effets spéciaux. Pour ce qui est du maquillage beauté, je ne me tiens pas (du tout) au courant des tendances, je laisse les pro et les passionnés faire ça.
Que penses-tu de l’influence qu’ont les réseaux sociaux sur la confiance en soi ?
Aujourd’hui, tout se passe sur les réseaux sociaux. On y trouve des choses débiles qui deviennent les nouvelles modes de demain et des trucs hyper bien qui ne perceront jamais.
L’heure étant au « MA VIE EST FANTASTIQUE LIKE LIKE LIKE », tout est prétexte à simuler, enjoliver, étoffer un quotidien bien plus morne qu’il n’y parait. Pour moi il y a trois groupes de gens : ceux maitrisant leur image, les spectateurs envieux… et ceux qui s’en foutent (qui correspond tout de même à la majorité des gens).
Instagram ou Facebook peuvent être dangereux à ce niveau : pour certains, chaque photo doit être parfaitement optimisée et est calibrée pour susciter l’envie/la jalousie des gens. Pour quelqu’un qui se cherche, qui est mal dans sa peau ou qui n’a tout simplement pas confiance en lui, ce théâtre rempli de mises en scène différentes a de quoi saper le moral…
Et à coté de ça, on découvre de vrais messages positifs, un réel soutien et des initiatives fortes pour rebooster la confiance en soi : les réseaux sociaux, c’est à double tranchant.
Penses-tu que la télé et les magazines aient une influence sur la confiance en soi ?
Je suis relativement bien et mal placé pour répondre, car mon métier de graphiste me pousse à étudier les différentes manière retoucher des modèles. Donc d’une certaine manière, je maquille… mais numériquement, et j’ai déjà eu l’occasion de produire des images extrêmement retouchées pour des magasines ou des projets photo.
On vend du rêve, des corps retouchés, des choses parfois même irréelles. Il est dit que le consommateur ne souhaite pas acheter ce qu’il peut trouver « chez lui ». Il faut que ça soit beau, parfait, lisse, et trop souvent édulcoré. Même si je travaille dans ce milieu, je ne cautionne pas forcement tout cela.
Aujourd’hui, la retouche à outrance n’est plus forcément bien vue, et c’est une bonne chose. Certaines pratiques demeurent encore et il y a fort à parier que ça durera encore un moment donc pour palier à tout cela, il faut éduquer les gens pour qu’ils prennent conscience du vrai, et du faux. Savoir que c’est retouché, ne pas croire ce que l’on voit, ne pas prendre Instagram, les magasines féminins ou les films au pied de la lettre… C’est une gymnastique complexe, surtout quand on se rend compte qu’une très grande partie des images qui nous entourent nous renvoient une fausse vison de notre monde…
Quel message aimerais-tu voir passer ?
– La confiance en soi est une quête très difficile de nos jours. Il nous manque une matière en cours, à enseigner dès le plus jeune âge : dénicher le vrai du faux… pour se faire un avis plus nuancé sur les gens et l’image qu’ils nous renvoient. Et être suffisamment détaché pour s’apprécier à sa juste valeur.
– Plus de tolérance, définitivement, mais encore une fois cela s’apprend et s’éduque, tout comme le respect de soi et de l’autre.
– Que ces tendances à dévoiler sa vie, son mode de vie « parfait », son quinoa boulgour healthy, entrainés par le web et ses réseaux sociaux se tassent et laissent place à moins de superficialité. Il en va de même à la télé ou dans les magasines.
On en est loin mais bon, on peut espérer ? On gagnerait à relever le niveau.
Petite question et gros débat : quel est ton point de vue sur le maquillage ?
Je pense que chacun est libre de faire ce qu’il veut, de se maquiller comme il veut et pour les raisons qui l’animent. Se maquiller pour se sentir à l’aise, pour cacher un vilain bouton, pour séduire, pour s’amuser, pour avoir confiance en soi… tout ça, c’est bien mais l’inverse est tout aussi légitime.
En revanche, se maquiller comme <Insérer ici le prénom d’une gourou beauté qui utilise Photopshop sur instagram> juste parce qu’elle a dit de le faire « sinon t’es Haas Been », se forcer à se maquiller comme untel pour rentrer dans le moule (tout en en trouvant ça moche), être accro à son image sur les réseaux sociaux… je ne pense pas que ça soit une bonne idée. Un peu de modération ne fait pas de mal.
C’est assez triste de penser que nous sommes dans une société où on adule des gens qui sont sublimés par des artifices. C’est encore plus triste de penser qu’ils sont adulés par des gens qui prennent leur image au premier degré. Et c’est détestable qu’une femme non maquillée soit moquée ou qu’un homme maquillé soit montré du doigt. Le maquillage n’est pas une dictature, c’est une habile mise en scène.
Une licorne, même sans paillettes, ça restera toujours une licorne 😉